Un mois et demi plus tôt, Diego N. a touché les fesses de deux femmes dans le hall de la gare, alors qu’elles regardaient les horaires de train sur les écrans dans un moment de grande affluence. La scène a été filmée par les caméras de vidéosurveillance, et il a été arrêté le lendemain. Il est en détention provisoire depuis, le procès ayant été renvoyé deux fois pour attendre une expertise psychiatrique.
« Les faits sont désespérants »
Le prévenu suivant, Marlon E., 30 ans, n’a aucun proche pour le soutenir. La présidente rappelle les faits : à 4 heures du matin, complètement saoul, il a tenté de voler une voiture pour rentrer chez lui. Il est entré dans l’habitacle en fracassant une vitre et commençait à dénuder les fils pour la démarrer quand la police est arrivée.
« Elle s’était bien gardée de le dire avant ! »
Bassem Z. comparaît pour avoir frappé son ancienne compagne, Norah L., son fils et un ami à elle. La présidente résume le dossier : appelés par l’enfant de la victime, les gendarmes sont intervenus à son domicile.
Les bonnes manières
Enzo B. entre dans le box des prévenus, menotté et encadré par les policiers. Il a 18 ans depuis quelques mois, un survêtement et quelques mèches blondes. Il regarde beaucoup du côté du public. Est-ce qu’il cherche quelqu’un qu’il connaît ? Est-ce qu’il est mal à l’aise de voir tout ce monde ?
« Monsieur ne fait pas pitié, il fait peur ! »
Dans la salle, deux écrans ont été déroulés : l’un derrière les magistrats, l’autre en face d’eux, dans le dos du public. Apparaît une pièce de la prison de Seysses. Un homme en fauteuil roulant est amené.
Trois téléphones, vingt mois de prison
Début de l’audience, personne dans le box des prévenus, la présidente s’impatiente : « Toujours pas de dossier prêt ? » Non, l’avocat est encore aux geôles avec l’interprète. Enfin on fait monter Medhi D., qui comparaît pour des vols de téléphone.
« Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
Mohammed G. a volé deux téléphones. « Qu’avez-vous à dire ? » « Je vais travailler, je vais rembourser, je veux m’excuser. J’avais très faim. Maintenant, même si j’ai faim, je ne volerai pas. » La présidente est exaspérée : « Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
« Il est interdit de subvenir à ses besoins en volant »
Djilali H., Algérien d’une vingtaine d’années, comparaît pour avoir volé deux téléphones dans le métro à une semaine d’intervalle.
« Elle se moque complètement de votre juridiction ! »
Irina F. est née en Roumanie il y a une quarantaine d’années. Elle a été arrêtée lors d’une opération anti-prostitution menée avenue des États-Unis. Lors de son contrôle, les policiers ont réalisé que la prévenue était sous le coup d’une interdiction judiciaire du territoire prononcée en 2018 par le tribunal correctionnel de Toulouse. Elle comparaît donc pour présence illégale sur le territoire.
« Vous auriez dû commencer par une procédure de régularisation ! »
Yacine M. comparaît pour avoir détenu 75 grammes d’herbe de cannabis.
« Rien n’a été volé »
Abderrahmane B., pas même vingt ans, né à Alger et SDF a été arrêté avant le week-end. Il comparaît pour un vol à la roulotte. Néanmoins, il y a une difficulté dans la qualification de l’infraction : rien n’a été volé.
« Il est déjà en prison »
Les deux prévenus demandent un délai pour préparer leur défense. Le tribunal doit donc statuer sur leur mise en détention provisoire : attendront-ils l’audience en prison ?