Le parquet a renoncé à poursuivre Abdel T pour le vol à l’issue de la garde à vue. Mais maintenant qu’il est là, ce serait dommage de le laisser partir libre : il l’accuse donc de « maintien irrégulier sur le territoire ».
« Il n’y a que le corps qui marche »
J’habite à l’époque un squat dans le quartier de Bonnefoy à Toulouse. J’ai mon sac à dos, je descends la rue pour aller dormir quand je vois deux mecs : un avec un vélo, l’autre à pied. On se croise. Je vois les flics freiner au niveau du mec avec le vélo. Le deuxième part en courant. Moi, je continue de marcher, j’ai rien fait. J’ai peur mais j’ai rien fait. Pourquoi courir ? Mais les flics, ils arrivent direct vers moi et m’arrêtent.
Pour son bien
Terrifiée et au bord des larmes, une toute jeune femme est amenée par les policiers dans le box des prévenu⋅es. Depuis le premier rang du public, sa sœur l’encourage avec énergie et optimisme : « Tu vas sortir ! Ça va aller ! »
Merci pour tout
Le prévenu comparaît pour violences volontaires. Installé au rayon alcool d’un supermarché pour boire des bières, il a menacé avec un couteau le vigile qui voulait le déloger. Couteau qu’il a immédiatement rangé quand les renforts sont arrivés.
« Vous n’êtes pas tout à fait normal sans être fou à lier »
Un mois et demi plus tôt, Diego N. a touché les fesses de deux femmes dans le hall de la gare, alors qu’elles regardaient les horaires de train sur les écrans dans un moment de grande affluence. La scène a été filmée par les caméras de vidéosurveillance, et il a été arrêté le lendemain. Il est en détention provisoire depuis, le procès ayant été renvoyé deux fois pour attendre une expertise psychiatrique.
« Les faits sont désespérants »
Le prévenu suivant, Marlon E., 30 ans, n’a aucun proche pour le soutenir. La présidente rappelle les faits : à 4 heures du matin, complètement saoul, il a tenté de voler une voiture pour rentrer chez lui. Il est entré dans l’habitacle en fracassant une vitre et commençait à dénuder les fils pour la démarrer quand la police est arrivée.
« Elle s’était bien gardée de le dire avant ! »
Bassem Z. comparaît pour avoir frappé son ancienne compagne, Norah L., son fils et un ami à elle. La présidente résume le dossier : appelés par l’enfant de la victime, les gendarmes sont intervenus à son domicile.
Les bonnes manières
Enzo B. entre dans le box des prévenus, menotté et encadré par les policiers. Il a 18 ans depuis quelques mois, un survêtement et quelques mèches blondes. Il regarde beaucoup du côté du public. Est-ce qu’il cherche quelqu’un qu’il connaît ? Est-ce qu’il est mal à l’aise de voir tout ce monde ?
« Monsieur ne fait pas pitié, il fait peur ! »
Dans la salle, deux écrans ont été déroulés : l’un derrière les magistrats, l’autre en face d’eux, dans le dos du public. Apparaît une pièce de la prison de Seysses. Un homme en fauteuil roulant est amené.
Trois téléphones, vingt mois de prison
Début de l’audience, personne dans le box des prévenus, la présidente s’impatiente : « Toujours pas de dossier prêt ? » Non, l’avocat est encore aux geôles avec l’interprète. Enfin on fait monter Medhi D., qui comparaît pour des vols de téléphone.
« Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
Mohammed G. a volé deux téléphones. « Qu’avez-vous à dire ? » « Je vais travailler, je vais rembourser, je veux m’excuser. J’avais très faim. Maintenant, même si j’ai faim, je ne volerai pas. » La présidente est exaspérée : « Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
« Il est interdit de subvenir à ses besoins en volant »
Djilali H., Algérien d’une vingtaine d’années, comparaît pour avoir volé deux téléphones dans le métro à une semaine d’intervalle.