Yves T., ivoirien d’une quarantaine d’années, se tient debout dans le box, l’air furieux. La présidente peine à lui imposer les règles de l’exercice : « Vous devez vous asseoir, et vous ne pouvez parler que quand on vous donne la parole. »
« Et pourtant vous travaillez ! »
Né au Portugal il y a une trentaine d’années, João T. est jugé pour des faits de violences conjugales commis en mars et pour des appels téléphoniques malveillants survenus depuis. Il arrive de la prison de Seysses, où il est en détention provisoire depuis un mois pour avoir transgressé le contrôle judiciaire qui lui interdisait de rentrer en contact avec son ancienne compagne.
L’honneur des pompiers
Éric A., visage tatoué, sourcils froncés, est né à Sète en 1975. Il est accusé de violences sans ITT sur personnes chargées d’une mission de service public – en l’occurrence des pompiers – et de détérioration de biens publics.
Trois renvois
Auteur présumé d’un délit, Karim E. a refusé de se soumettre au contrôle des forces de l’ordre. Il comparaît pour outrage et violence. La présidente lui pose la question rituelle : « Voulez-vous être jugés maintenant ou voulez-vous un délai pour préparer votre défense ? »
Faute avouée à demi pardonnée ?
Début d’audience. Déjà beaucoup de monde dans la salle, si bien que l’huissière commence à refuser l’entrée à des gens – qui protestent. Les deux assesseurs attendent, tandis que le président farfouille dans ses papiers.
Pendant ce temps, l’interprète va saluer les trois prévenus. Ils comparaissent pour une série de vols commis deux jours plus tôt dans une petite ville proche de Toulouse.
« Pourquoi avoir refusé de faire ce test ? »
C’est la période des stages à l’école de la magistrature. Un auditeur de justice, futur magistrat, accompagne la présidente de la chambre. C’est lui qui mène les débats.
Vingt ans plus tard
La femme d’une cinquantaine d’années dans le box est née en Bosnie-Herzégovine. Selma L. arrive directement du centre de rétention administratif de Cornebarrieu. On l’accuse d’avoir essayé de se soustraire à une obligation de quitter le territoire français.
L’expertise manquante
Le président entre, suivi de deux assesseuses. Comme toujours, il commence par interroger les prévenus sur leur état civil, mais peine à comprendre ce que lui dit Thomas B., qui finit par baisser son masque pour essayer de se faire mieux entendre. Mal lui en a pris, il se fait reprendre sèchement : « Remettez votre masque sur le nez. »
« Le travail du parquet est difficile »
Mohammed A., 35 ans, né à Madagascar, est amené dans le box. Il balaye la salle du regard à la recherche de ses proches mais se fait interpeller sèchement par le président : « C’est par ici que ça se passe. »
« Vous étiez là depuis le début ? »
Peu de monde dans la salle, si bien que tout le monde trouve une place, malgré le protocole sanitaire, qui interdit un siège sur deux avec des rubans blanc et rouge. Le prévenu est amené dans le box. On accuse Yassine B. d’avoir donné un coup de couteau à quelqu’un un mois auparavant. Il ne reconnaît pas les faits.
« Comment pouvez-vous évacuer complètement la possibilité qu’ils disent la vérité ? »
Deux prévenus arrivent dans le box, l’un a 25 ans, l’autre un peu plus de 40. Il leur est reproché d’avoir pénétré dans une maison inhabitée en fracturant la porte. Une interprète s’avance pour traduire l’échange entre les prévenus et la présidente. Comme c’est l’usage, elle n’est pas au côté des prévenus mais au-dessous du box.
« Vous n’avez pas conscience de la gravité de ce moment ? »
Kevin A. et Romain C. comparaissent pour enlèvement et séquestration. Envoyés par un fournisseur pour mettre un coup de pression à deux jeunes revendeurs de drogue qui lui devaient de l’argent, ils les ont contraints à monter dans leur voiture en les menaçant avec un cutter. Après avoir roulé un quart d’heure, ils ont fini par aller se garer dans un parking.