Début d’audience. Déjà beaucoup de monde dans la salle, si bien que l’huissière commence à refuser l’entrée à des gens – qui protestent. Les deux assesseurs attendent, tandis que le président farfouille dans ses papiers.
Pendant ce temps, l’interprète va saluer les trois prévenus. Ils comparaissent pour une série de vols commis deux jours plus tôt dans une petite ville proche de Toulouse.
« Pourquoi avoir refusé de faire ce test ? »
C’est la période des stages à l’école de la magistrature. Un auditeur de justice, futur magistrat, accompagne la présidente de la chambre. C’est lui qui mène les débats.
Vingt ans plus tard
La femme d’une cinquantaine d’années dans le box est née en Bosnie-Herzégovine. Selma L. arrive directement du centre de rétention administratif de Cornebarrieu. On l’accuse d’avoir essayé de se soustraire à une obligation de quitter le territoire français.
L’expertise manquante
Le président entre, suivi de deux assesseuses. Comme toujours, il commence par interroger les prévenus sur leur état civil, mais peine à comprendre ce que lui dit Thomas B., qui finit par baisser son masque pour essayer de se faire mieux entendre. Mal lui en a pris, il se fait reprendre sèchement : « Remettez votre masque sur le nez. »
« Le travail du parquet est difficile »
Mohammed A., 35 ans, né à Madagascar, est amené dans le box. Il balaye la salle du regard à la recherche de ses proches mais se fait interpeller sèchement par le président : « C’est par ici que ça se passe. »
« Vous étiez là depuis le début ? »
Peu de monde dans la salle, si bien que tout le monde trouve une place, malgré le protocole sanitaire, qui interdit un siège sur deux avec des rubans blanc et rouge. Le prévenu est amené dans le box. On accuse Yassine B. d’avoir donné un coup de couteau à quelqu’un un mois auparavant. Il ne reconnaît pas les faits.
« Comment pouvez-vous évacuer complètement la possibilité qu’ils disent la vérité ? »
Deux prévenus arrivent dans le box, l’un a 25 ans, l’autre un peu plus de 40. Il leur est reproché d’avoir pénétré dans une maison inhabitée en fracturant la porte. Une interprète s’avance pour traduire l’échange entre les prévenus et la présidente. Comme c’est l’usage, elle n’est pas au côté des prévenus mais au-dessous du box.
« Vous n’avez pas conscience de la gravité de ce moment ? »
Kevin A. et Romain C. comparaissent pour enlèvement et séquestration. Envoyés par un fournisseur pour mettre un coup de pression à deux jeunes revendeurs de drogue qui lui devaient de l’argent, ils les ont contraints à monter dans leur voiture en les menaçant avec un cutter. Après avoir roulé un quart d’heure, ils ont fini par aller se garer dans un parking.
Esprit d’entreprise
Thomas S., qui se tient un peu voûté dans le box, est un prévenu atypique : c’est visiblement un jeune homme de bonne famille.
11,4 grammes
Dans le box, le prévenu a l’air terrifié. Adil B. est né à Tanger dans les années 1980, il a vécu longtemps à Barcelone et vient tout juste d’arriver à Toulouse ; il comparaît pour avoir vendu 11,4 grammes de résine de cannabis.
Dix minutes
Un Tunisien à peine majeur comparaît dans le box. Au cours d’un contrôle d’identité, les policiers se rendent compte qu’il est sous le coup d’une interdiction du territoire national.
« Je ne pensais pas prendre du ferme »
Témoignages extraits du livre « Je ne pensais pas prendre du ferme ». Des gilets jaunes face à la violence judiciaire (Les éditions du bout de la ville, 2021) composé de onze témoignages de personnes ayant été confrontées à la justice pénale lors du mouvement des gilets jaunes.