Début de l’audience, personne dans le box des prévenus, la présidente s’impatiente : « Toujours pas de dossier prêt ? » Non, l’avocat est encore aux geôles avec l’interprète. Enfin on fait monter Medhi D., qui comparaît pour des vols de téléphone.
« Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
Mohammed G. a volé deux téléphones. « Qu’avez-vous à dire ? » « Je vais travailler, je vais rembourser, je veux m’excuser. J’avais très faim. Maintenant, même si j’ai faim, je ne volerai pas. » La présidente est exaspérée : « Le misérabilisme, on va arrêter là ! »
« Il est interdit de subvenir à ses besoins en volant »
Djilali H., Algérien d’une vingtaine d’années, comparaît pour avoir volé deux téléphones dans le métro à une semaine d’intervalle.
« Elle se moque complètement de votre juridiction ! »
Irina F. est née en Roumanie il y a une quarantaine d’années. Elle a été arrêtée lors d’une opération anti-prostitution menée avenue des États-Unis. Lors de son contrôle, les policiers ont réalisé que la prévenue était sous le coup d’une interdiction judiciaire du territoire prononcée en 2018 par le tribunal correctionnel de Toulouse. Elle comparaît donc pour présence illégale sur le territoire.
« Vous auriez dû commencer par une procédure de régularisation ! »
Yacine M. comparaît pour avoir détenu 75 grammes d’herbe de cannabis.
« Rien n’a été volé »
Abderrahmane B., pas même vingt ans, né à Alger et SDF a été arrêté avant le week-end. Il comparaît pour un vol à la roulotte. Néanmoins, il y a une difficulté dans la qualification de l’infraction : rien n’a été volé.
« Il est déjà en prison »
Les deux prévenus demandent un délai pour préparer leur défense. Le tribunal doit donc statuer sur leur mise en détention provisoire : attendront-ils l’audience en prison ?
Au regard de ses antécédents
Nordine B., tout juste juste vingt ans, est né à Tunis. On l’accuse d’être rentré dans une Mercedes en cassant une vitre arrière pour y voler un siège bébé et un sac de maternité.
« Pourquoi vous ne l’avez pas quitté plus tôt ? »
Kingsley T., vingt ans, né en Martinique, comparaît pour menaces de mort réitérées et violences habituelles sur sa compagne ayant entraîné cinq jours d’ITT.
« Vous êtes face à des individus exploités »
Deux jeunes Pakistanais comparaissent. Lors d’un contrôle dans le quartier de Bagatelle, les policiers s’aperçoivent qu’ils ont des documents falsifiés : un faux récépissé de demande d’asile pour le plus âgé, et de faux papiers grecs – permis de conduire et passeport – pour Ali L. Les deux sont immédiatement interpellés.
« La seule difficulté, ce sont les déclarations du prévenu »
Ahmed A., presque trente ans, comparaît pour trafic de stupéfiants. Il est arrivé d’Algérie il y a sept mois et n’a pas de papiers. Sa présence sur le territoire semble contrarier le président, qui s’adresse brutalement à l’interprète :
— Ses projets, c’était quoi, puisqu’il a femme et enfant en Algérie ?
« On doit demander de l’argent poliment »
Yves T., ivoirien d’une quarantaine d’années, se tient debout dans le box, l’air furieux. La présidente peine à lui imposer les règles de l’exercice : « Vous devez vous asseoir, et vous ne pouvez parler que quand on vous donne la parole. »