Les trois juges s’installent pendant qu’Ahmed M. est amené dans le box. C’est le président, au centre, qui pose les questions : « Monsieur l’interprète, demandez-lui s’il préfère être jugé tout de suite ou s’il veut un délai pour préparer sa défense. »
Un garçon chanceux
Adama F., né en 2002 à Toulouse, comparaît pour avoir vendu deux demi-grammes de cocaïne, ce qu’il a reconnu en garde à vue. « Qu’avez-vous à dire sur les faits ? — J’ai fait un an de prison, je suis sorti il n’y a pas longtemps, mais mon père m’a mis dehors et… — On évoquera votre situation plus tard. On parle des faits, là. »
Les bons mots
Dès le début de l’audience, la présidente annonce : « On va suspendre cinq minutes, pour s’associer au mouvement des greffiers, qui sont là, dehors. Je tiens à dire ici l’importance de leur travail. Sans eux, il ne peut tout simplement pas y avoir de justice ! »
« Il faut l’écarter, il faut l’exclure »
Le prévenu comparaît pour agression sexuelle. Une après-midi, place du Capitole, très alcoolisé, il a mis la main aux fesses de deux jeunes femmes. Interrogé sur les faits par la présidente, il dit n’avoir aucun souvenir.
La règle du jeu
Samir B. est accusé d’avoir jeté des cailloux en direction des forces de l’ordre lors d’une des nuits de révolte qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk, tué par un policier. Il ne reconnaît pas les faits et demande à être jugé le jour même.
« Tout le monde dehors ! »
Asian F., 24 ans, a été arrêté au Mirail, un soir de « violence urbaine ». Il comparaît pour outrage, rébellion, fourniture d’identité imaginaire, refus de donner ses empreintes et son ADN, et maintien irrégulier sur le territoire.
Une incompréhensible défiance
Le prévenu a été arrêté pendant une manifestation contre la réforme des retraites. On lui reproche la « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou de destruction des biens. » Il a aussi refusé de donner son identité en garde à vue, ce qui ne constitue pas une infraction, mais que la justice prend habituellement très mal.
Raison garder
Jean T., 50 ans, né à Issy-les-Moulineau, comparaît pour des violences conjugales ayant entraîné quatre jours d’incapacité totale de travail. La victime est présente.
Prise d’otage
Quand l’interprète arrive, la présidente lui donne cette étrange consigne : « C’est pas la peine de tout lui traduire, il comprend. » En situation irrégulière, le prévenu est né en 1984 à Mostaganem en Algérie, il comparait pour violence sans incapacité totale de travail sous la menace d’une arme, en l’espèce une canette coupée en deux.
« Il est temps d’être moins gentil »
Abdel M., 25 ans, est jugé pour le recel d’un téléphone portable. « C’est très simple ! On vous a contrôlé au marché de la Reynerie. On y trouve des objets d’origine frauduleuse et c’est pour ça qu’il y a des policiers. »
« Allez, salut ! »
Placé en semi-liberté, François B. n’est pas rentré en temps et en heure à la prison. Il comparaît donc pour évasion. L’avocat demande un report, le temps d’obtenir une expertise psychiatrique.
« Ici, on essaie de comprendre »
En arrivant dans le box, Enzo, à peine 18 ans, sourit nerveusement à ses proches qui sont assis dans la salle. Il comparaît pour avoir tenté de mettre le feu à une poubelle pendant une manifestation.