Turquie : une justice au service de l’ordre

29 novembre 2024 | Émissions de radio

Dans cette émission, on accueille Zeynep, militante communiste et décoloniale, pour parler de la justice en Turquie. On évoquera ensemble les différents moments de son évolution : depuis les cours de sûreté militaires des années 1990, au durcissement du régime présidentiel d’Erdogan à partir de 2016, en passant par les aménagements effectués dans les années 2000, au moment où la Turquie voulait encore intégrer l’Europe. Au-delà de ces changements considérables, la justice turque a toujours été un outil au service du pouvoir, réprimant les militant⋅es kurdes, mais aussi tout type d’opposition, qu’elle soit syndicale, sociale ou politique. On verra notamment que la lutte antiterroriste, qui constitue déjà depuis plusieurs décennies l’enjeu principal de cette justice, signifie la lutte contre « l’ennemi intérieur ».

Ressources

On trouve sur kedistan.net plusieurs articles sur la prison et la justice en Turquie, et notamment :
Loez, « Prisons à Diyarbakır : “c’est l’impunité qui règne” »
Naz Oke, « Le journaliste Arat Barış devant le procureur »

Loez a aussi publié dans une brochure un long entretien avec deux anciens prisonniers kurdes :
« Le poids de la parole donnée. Amed, et Serbat, militants kurdes, 30 ans en prison », Ruz gant an avel

Atilla Balikci, « Le droit pénal antiterroriste en Turquie, des textes modernes appliqués par un régime rétrograde », Archives de politique criminelle, vol. 38, no 1, 2016.

Sarah Caunes, « Enfermer l’opposition : reconfigurations et continuités de la politique carcérale turque avant et après 2016 », Confluences Méditerranée, no 107 (4).

Sur le site MemorializeTurkey.com, on trouve de courts articles en anglais sur la mémoire et les archives concernant la répression politique et les crimes de l’État turc :
« Monuments to Uğur Kaymaz », « Memorial Day for Metin Göktepe », « Saturday Mothers/People », « A Life on One Side, Sadness and a Straight Back on the Other », « Musa Anter Memorial Sites »

Musique
Grup Yorum, « Özgürlük Türküsü »
Şivan Perwer, « Serhildan Jiyan e »

À écouter aussi

Justice coloniale en Kanaky. Entretien avec Louise Chauchat, avocate de trois militant⋅es indépendantistes de la CCAT

En Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’institution judiciaire a accompagné la répression militaire des révoltes qui ont commencé en mai dernier. Trois mois après le début des événements, le procureur de la République de Nouméa annonçait plus de 2000 gardes à vue, 238 comparutions immédiates et 196 incarcérations.

Louise Chauchat, qui défend Brenda Wanabo-Ipeze, Joël Tjibaou et Guillaume Vama, trois militant⋅es de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), nous parle de la lourdeur des peines, des plaidoiries problématiques de certain⋅es avocat⋅es, de l’envoi en détention provisoire de militant⋅es indépendantistes (en métropole pour certain⋅es d’entre eux et elles), de la demande de dépaysement du dossier.

Au-delà de la répression de la contestation récente, elle évoque aussi la justice pénale ordinaire, rendue par des magistrat⋅es qui viennent de métropole et qui cible les populations kanaks.

Edit : à l’heure de l’enregistrement cette émission, Joël Tjibaou était encore en détention provisoire à Nouméa. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 18 octobre.

Ressources citées pendant l’émission :

Louise Chauchat commente plusieurs passages d’un article du Monde de Mathurin Derel, « Nouvelle-Calédonie : les émeutes, révélatrices d’une fracture entre le monde kanak et l’institution judiciaire », 31 mai 2024.

Musique :

Waan, « Justice coloniale »

Marcus Gad, « ICI »

Pour plus de renseignements, le collectif Solidarité Kanaky rassemble des mouvements associatifs, syndicaux ou politiques qui agissent pour le droit à l’autodétermination des Kanaks et pour l’indépendance de Kanaky.

Pour une actualité plus locale dans la région de Toulouse, voir le blog de Survie 31.

Emprisonner pour soigner ? Les troubles psychiques en audience

De nombreuses personnes atteintes de troubles mentaux sont envoyées en prison après avoir été jugées en comparution immédiate. À travers deux récits d’audience, on revient sur cette question, qui croise la notion problématique de « dangerosité », la présence – ou non – d’expertise psychiatrique dans le dossier et l’illusion des magistrats que la prison peut être un lieu de soin.

Ressources évoquées dans l’émission :

Deux chroniques de La Sellette : « Protéger la société » et « On n’est pas au spectacle ». (Sur la question de l’expertise psychiatrique, on peut aussi écouter « Expertiser pour mieux enfermer ».)

L’intervention de Cyrille Canetti est tiré de « Santé mentale et politique criminelle », conférence de présentation du no 44 de la revue Archives de politique criminelle, disponible sur YouTube.

La vérité judiciaire

Aurélie Garand parle de la mort de son frère, Angelo, abattu en mars 2017 par le GIGN, et du combat qui a suivi pour obtenir la vérité et la justice. À la violence des forces de l’ordre a succédé la violence judiciaire : les deux tireurs ont été mis en examen pour « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », mais à l’issue de l’enquête, la justice a prononcé un non-lieu, considérant que les gendarmes avaient agi en état de légitime défense. Comme Aurélie l’écrit dans son livre, « il fait mal ce terme, non-lieu, surtout pour ceux et celles qui étaient là et qui ont tout entendu ».

Après le récit d’Aurélie, on fera un petit focus sur l’article L435-1 du code de sécurité intérieure – énième cadeau gouvernementale à la police – qui a assoupli en 2017 les conditions d’ouverture du feu par les forces de l’ordre.

Ressources

Aurélie Garand, « Depuis qu’ils nous ont fait ça », Les éditions du bout de la ville, 2022

Compte Facebook Justice pour Angelo

L’Envolée, journal et émission de radio anticarcérale

Tous les audios