Les aménagements de peine

6 mars 2024 | Émissions de radio

Les aménagements de peine sont censés favoriser la réinsertion des personnes condamnées en leur permettant d’exécuter tout ou partie de leur peine sous une autre forme que l’incarcération : liberté conditionnelle, semi-liberté, placement à l’extérieur ou bracelets électroniques, autant d’« alternatives à l’incarcération » qui ne bénéficieront cependant que rarement aux personnes les plus précaires.

En comparution immédiate, de plus de plus de personnes sont condamnées à effectuer de la détention à domicile. À y regarder de plus près cependant, le bracelet électronique vient souvent remplacer le travail d’intérêt général ou le sursis probatoire plutôt que de se substituer à la prison. Si bien que le nombre de détenu·es et celui des personnes sous bracelet augmentent de concert.

Ressources évoquées dans l’émission :
Deux chroniques de La Sellette : Esprit d’entreprise et La clémence du tribunal
Camille Polloni, Le juteux marché du bracelet électronique confié à Thales

À écouter aussi

Turquie : une justice au service de l’ordre

Dans cette émission, on accueille Zeynep, militante communiste et décoloniale, pour parler de la justice en Turquie. On évoquera ensemble les différents moments de son évolution : depuis les cours de sûreté militaires des années 1990, au durcissement du régime présidentiel d’Erdogan à partir de 2016, en passant par les aménagements effectués dans les années 2000, au moment où la Turquie voulait encore intégrer l’Europe. Au-delà de ces changements considérables, la justice turque a toujours été un outil au service du pouvoir, réprimant les militant⋅es kurdes, mais aussi tout type d’opposition, qu’elle soit syndicale, sociale ou politique. On verra notamment que la lutte antiterroriste, qui constitue déjà depuis plusieurs décennies l’enjeu principal de cette justice, signifie la lutte contre « l’ennemi intérieur ».

Ressources

On trouve sur kedistan.net plusieurs articles sur la prison et la justice en Turquie, et notamment :
Loez, « Prisons à Diyarbakır : “c’est l’impunité qui règne” »
Naz Oke, « Le journaliste Arat Barış devant le procureur »

Loez a aussi publié dans une brochure un long entretien avec deux anciens prisonniers kurdes :
« Le poids de la parole donnée. Amed, et Serbat, militants kurdes, 30 ans en prison », Ruz gant an avel

Atilla Balikci, « Le droit pénal antiterroriste en Turquie, des textes modernes appliqués par un régime rétrograde », Archives de politique criminelle, vol. 38, no 1, 2016.

Sarah Caunes, « Enfermer l’opposition : reconfigurations et continuités de la politique carcérale turque avant et après 2016 », Confluences Méditerranée, no 107 (4).

Sur le site MemorializeTurkey.com, on trouve de courts articles en anglais sur la mémoire et les archives concernant la répression politique et les crimes de l’État turc :
« Monuments to Uğur Kaymaz », « Memorial Day for Metin Göktepe », « Saturday Mothers/People », « A Life on One Side, Sadness and a Straight Back on the Other », « Musa Anter Memorial Sites »

Musique
Grup Yorum, « Özgürlük Türküsü »
Şivan Perwer, « Serhildan Jiyan e »

Justice coloniale en Kanaky. Entretien avec Louise Chauchat, avocate de trois militant⋅es indépendantistes de la CCAT

En Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’institution judiciaire a accompagné la répression militaire des révoltes qui ont commencé en mai dernier. Trois mois après le début des événements, le procureur de la République de Nouméa annonçait plus de 2000 gardes à vue, 238 comparutions immédiates et 196 incarcérations.

Louise Chauchat, qui défend Brenda Wanabo-Ipeze, Joël Tjibaou et Guillaume Vama, trois militant⋅es de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), nous parle de la lourdeur des peines, des plaidoiries problématiques de certain⋅es avocat⋅es, de l’envoi en détention provisoire de militant⋅es indépendantistes (en métropole pour certain⋅es d’entre eux et elles), de la demande de dépaysement du dossier.

Au-delà de la répression de la contestation récente, elle évoque aussi la justice pénale ordinaire, rendue par des magistrat⋅es qui viennent de métropole et qui cible les populations kanaks.

Edit : à l’heure de l’enregistrement cette émission, Joël Tjibaou était encore en détention provisoire à Nouméa. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire le 18 octobre.

Ressources citées pendant l’émission :

Louise Chauchat commente plusieurs passages d’un article du Monde de Mathurin Derel, « Nouvelle-Calédonie : les émeutes, révélatrices d’une fracture entre le monde kanak et l’institution judiciaire », 31 mai 2024.

Musique :

Waan, « Justice coloniale »

Marcus Gad, « ICI »

Pour plus de renseignements, le collectif Solidarité Kanaky rassemble des mouvements associatifs, syndicaux ou politiques qui agissent pour le droit à l’autodétermination des Kanaks et pour l’indépendance de Kanaky.

Pour une actualité plus locale dans la région de Toulouse, voir le blog de Survie 31.

Emprisonner pour soigner ? Les troubles psychiques en audience

De nombreuses personnes atteintes de troubles mentaux sont envoyées en prison après avoir été jugées en comparution immédiate. À travers deux récits d’audience, on revient sur cette question, qui croise la notion problématique de « dangerosité », la présence – ou non – d’expertise psychiatrique dans le dossier et l’illusion des magistrats que la prison peut être un lieu de soin.

Ressources évoquées dans l’émission :

Deux chroniques de La Sellette : « Protéger la société » et « On n’est pas au spectacle ». (Sur la question de l’expertise psychiatrique, on peut aussi écouter « Expertiser pour mieux enfermer ».)

L’intervention de Cyrille Canetti est tiré de « Santé mentale et politique criminelle », conférence de présentation du no 44 de la revue Archives de politique criminelle, disponible sur YouTube.

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