La vérité judiciaire

12 juillet 2024 | Émissions de radio

Aurélie Garand parle de la mort de son frère, Angelo, abattu en mars 2017 par le GIGN, et du combat qui a suivi pour obtenir la vérité et la justice. À la violence des forces de l’ordre a succédé la violence judiciaire : les deux tireurs ont été mis en examen pour « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », mais à l’issue de l’enquête, la justice a prononcé un non-lieu, considérant que les gendarmes avaient agi en état de légitime défense. Comme Aurélie l’écrit dans son livre, « il fait mal ce terme, non-lieu, surtout pour ceux et celles qui étaient là et qui ont tout entendu ».

Après le récit d’Aurélie, on fera un petit focus sur l’article L435-1 du code de sécurité intérieure – énième cadeau gouvernementale à la police – qui a assoupli en 2017 les conditions d’ouverture du feu par les forces de l’ordre.

Ressources

Aurélie Garand, « Depuis qu’ils nous ont fait ça », Les éditions du bout de la ville, 2022

Compte Facebook Justice pour Angelo

L’Envolée, journal et émission de radio anticarcérale

À écouter aussi

Comment les États répriment, entretien avec Vanessa Codaccioni

Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférence à l’université Paris 8, travaille depuis 20 ans sur la justice pénale, la criminalité et la répression. Elle est venue à la librairie Terra Nova (Toulouse) présenter son dernier livre Comment les États répriment. Une courte histoire du pouvoir de punir (Divergences, 2025). Cet ouvrage retrace l’histoire des répressions d’État – de la protection de la « chose publique » à la lutte antiterroriste, en passant par la gestion carcérale de la délinquance ordinaire – en montrant comment les cibles de la répression se multiplient, tout comme les manières de réprimer.

Dans le cadre d’une série d’émissions sur la justice antiterroriste, Tapage a notamment abordé avec elle l’action de l’État dans ce domaine, qui se caractérise par sa dimension préventive : l’objectif de l’Administration, du Renseignement et des services de police est de neutraliser les personnes avant qu’elles passent à l’acte. Cette logique contamine la justice : plutôt que de punir des actes effectivement commis, la justice peut condamner des intentions. Ce qui pose la question de l’administration de la preuve et des droits de la défense : comment prouver une intention et comment s’en défendre ?

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Tapage prolongera la réflexion sur la justice antiterroriste dans deux autres émissions : la première avec B., condamné pour association de malfaiteurs terroriste dans l’affaire dite « du 8 décembre » ; la deuxième avec Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis 2008.

La justice peut-elle (vraiment) faire respecter les droits des détenu⋅es ?

En juillet 2025, l’Observatoire international des prisons (OIP) a une nouvelle fois saisi la justice administrative pour qu’elle mette fin à l’indignité des conditions de détention à la prison de Toulouse-Seysses. L’OIP exigeait que soit prise une trentaine de mesures concernant, par exemple, les cafards qui pullulent, la difficulté d’accéder à des soins psychiatriques ou les violences subies par les personnes détenues.

Dans cette émission, on discute des demandes de l’OIP, de la mauvaise exécution des mesures ordonnées précédemment, de la manière dont s’est défendue l’administration pénitentiaire, des résultats obtenus et, plus généralement, de ce qu’on peut attendre (ou pas) de la justice administrative pour lutter contre les atteintes aux droits fondamentaux en prison.

Ressources :

– Conclusions en urgence de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), publiées en juillet et sur lesquelles s’est appuyée OIP dans sa requête : https://www.cglpl.fr/publications/recommandations-en-urgence-relatives-au-centre-penitentiaire-de-toulouse-seysses-haute-garonne-2e-garonne-2

– Ordonnance rendue par le juge des référés : https://oip.org/wp-content/uploads/2025/07/ordonnance-toulouse-seysses.pdf

Larzac : un demi-siècle de luttes… et de répression

Dans cette émission, on s’entretient avec Christian Roqueirol, paysan installé sur le Larzac depuis une cinquantaine d’années. De la lutte contre l’extension du camp militaire dans les années 1970 au démontage du McDo de Millau en 1999, en passant par le fauchage de champs OGM, il raconte 50 ans d’actions militantes. L’occasion aussi de voir le durcissement de la réponse judiciaire au fil des décennies.

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