Sans un mot

9 juillet 2025 | Chroniques d’audience

Toulouse, chambre des comparutions immédiates, mai 2025

Début de l’audience. Le président fait passer à toute vitesse les dossiers des prévenus qui ont demandé un délai pour préparer leur défense :

— Dylan R., vous avez 34 ans, vous êtes divorcé, vous avez un enfant, vous êtes de nouveau en couple, il y a 13 mentions sur votre casier. En 2021, vous avez été condamné à 3 ans de prison dont 1 avec sursis probatoire pour détention de stupéfiants en récidive. Votre dernière condamnation – un délit routier – date de 2024 : vous avez été condamné à 9 mois de prison et exécutez votre peine sous forme de bracelet électronique. Aujourd’hui vous comparaissez pour avoir détenu de la cocaïne et du cannabis en récidive, ainsi que des cartouches. Vous êtes aussi accusé d’avoir refusé de remettre le code de déverrouillage de votre téléphone en garde à vue. Je crois que vous souhaitez un renvoi ?

Le prévenu regarde son avocate puis hoche la tête. La procureure se lève :

— Je demande le maintien en détention au regard du risque de renouvellement de l’infraction. Son casier judiciaire est particulièrement fourni. Il s’agit aussi de le maintenir à disposition de la justice. Il ne présente pas assez de garanties de représentation.

Après que l’avocate a indiqué d’un signe de la main qu’elle ne plaidera pas, le président se tourne vers le prévenu :

— Vous voulez ajouter quelque chose ? Non ? Alors l’audience est suspendue.

À son retour une minute plus tard, le tribunal annonce que Dylan F. restera en détention provisoire à la prison de Seysses en attendant son procès un mois et demi plus tard. Le prévenu, que l’on a pas entendu de l’audience, est ramené aux geôles. Affaire suivante.

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L’intérêt des allocataires

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Le tribunal juge Missoum T., 50 ans, pour avoir insulté et menacé par téléphone sa conseillère France Travail. Le conflit a commencé au début de l’année quand l’agence lui a demandé le remboursement d’un trop-perçu.

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Renvoi derrière les barreaux

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Dans le box en plexiglas, le prévenu a l’air un peu absent. Il comparaît pour des violences et le vol d’une cigarette électronique. L’avocate se lève immédiatement pour demander au juge d’ordonner un expertise psychiatrique.

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Tout de suite

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Depuis le box des prévenus, Djamel L. adresse des signes à sa femme, au premier rang, et aux deux adolescents qui l’accompagnent. Le président l’interroge brutalement : « Vous êtes né en 1972 à Alger. Est-ce que vous travaillez ? Non ? De quoi vivez-vous ? »

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