Regard(s) judiciaire(s). Filmer et retranscrire la justice

12 février 2024 | Émissions de radio

Depuis 1954, l’enregistrement et la captation des débats judiciaires sont interdits, sauf autorisation exceptionnelle du tribunal. En 2021, la loi « pour la confiance dans l’institution judiciaire » prévoit de filmer les audiences pour rapprocher les citoyen·nes de la justice. Au regard du résultat cependant, il s’agit moins de transparence que de propagande. Heureusement qu’il n’y a pas que l’État et la télévision nationale qui s’occupent de décrire la justice et on donnera en fin d’émission plusieurs exemples de collectifs qui s’attachent à décortiquer les violences judiciaires.

Ressources évoquée dans l’émission :

« Surprise en plein dérapage, la justice censure France Culture », Mediapart.fr (où on peut écouter un extrait du reportage de Pascale Pascariello dans une chambre de comparution immédiate à Marseille).

Enquêtes de région – Occitanie, « Dans les coulisses de la justice ». Une des affaires dont il est question dans ce reportage a été chroniquée par La Sellette : « Une question de profil »

« Sachez que je n’attends rien de votre institution », sur BureBureBure.info

« Procès 1312 », sur le site de Désarmons-les !

Pour écouter dans son intégralité Laurent, qui nous parle de la brochure sur le procès du policier qui l’a mutilé au cours d’une manifestation contre la loi Travail :

À écouter aussi

Comment les États répriment, entretien avec Vanessa Codaccioni

Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférence à l’université Paris 8, travaille depuis 20 ans sur la justice pénale, la criminalité et la répression. Elle est venue à la librairie Terra Nova (Toulouse) présenter son dernier livre Comment les États répriment. Une courte histoire du pouvoir de punir (Divergences, 2025). Cet ouvrage retrace l’histoire des répressions d’État – de la protection de la « chose publique » à la lutte antiterroriste, en passant par la gestion carcérale de la délinquance ordinaire – en montrant comment les cibles de la répression se multiplient, tout comme les manières de réprimer.

Dans le cadre d’une série d’émissions sur la justice antiterroriste, Tapage a notamment abordé avec elle l’action de l’État dans ce domaine, qui se caractérise par sa dimension préventive : l’objectif de l’Administration, du Renseignement et des services de police est de neutraliser les personnes avant qu’elles passent à l’acte. Cette logique contamine la justice : plutôt que de punir des actes effectivement commis, la justice peut condamner des intentions. Ce qui pose la question de l’administration de la preuve et des droits de la défense : comment prouver une intention et comment s’en défendre ?

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Tapage prolongera la réflexion sur la justice antiterroriste dans deux autres émissions : la première avec B., condamné pour association de malfaiteurs terroriste dans l’affaire dite « du 8 décembre » ; la deuxième avec Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis 2008.

La justice peut-elle (vraiment) faire respecter les droits des détenu⋅es ?

En juillet 2025, l’Observatoire international des prisons (OIP) a une nouvelle fois saisi la justice administrative pour qu’elle mette fin à l’indignité des conditions de détention à la prison de Toulouse-Seysses. L’OIP exigeait que soit prise une trentaine de mesures concernant, par exemple, les cafards qui pullulent, la difficulté d’accéder à des soins psychiatriques ou les violences subies par les personnes détenues.

Dans cette émission, on discute des demandes de l’OIP, de la mauvaise exécution des mesures ordonnées précédemment, de la manière dont s’est défendue l’administration pénitentiaire, des résultats obtenus et, plus généralement, de ce qu’on peut attendre (ou pas) de la justice administrative pour lutter contre les atteintes aux droits fondamentaux en prison.

Ressources :

– Conclusions en urgence de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), publiées en juillet et sur lesquelles s’est appuyée OIP dans sa requête : https://www.cglpl.fr/publications/recommandations-en-urgence-relatives-au-centre-penitentiaire-de-toulouse-seysses-haute-garonne-2e-garonne-2

– Ordonnance rendue par le juge des référés : https://oip.org/wp-content/uploads/2025/07/ordonnance-toulouse-seysses.pdf

Larzac : un demi-siècle de luttes… et de répression

Dans cette émission, on s’entretient avec Christian Roqueirol, paysan installé sur le Larzac depuis une cinquantaine d’années. De la lutte contre l’extension du camp militaire dans les années 1970 au démontage du McDo de Millau en 1999, en passant par le fauchage de champs OGM, il raconte 50 ans d’actions militantes. L’occasion aussi de voir le durcissement de la réponse judiciaire au fil des décennies.

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