La sagesse du tribunal

13 mai 2024 | Chroniques d’audience

Toulouse, chambre des comparutions immédiates, avril 2024

Medhi S., 19 ans, comparaît pour « violence avec usage ou menace d’une arme » n’ayant entraîné aucune incapacité totale de travail (ITT) contre des agents de la société de transport Tisséo. Le procès a déjà été renvoyé une première fois dans l’attente d’une expertise psychiatrique censée répondre aux questions posées par le tribunal : le prévenu est-il « responsable de ses actes au moment des faits » et « accessible à une sanction pénale » ? Autrement dit, doit-t-il être envoyé en prison ou à l’hôpital psychiatrique ?

La présidente a l’air embarrassée :

— Nous ne l’avons toujours pas reçue. Nous allons être obligés de renvoyer à nouveau.

Elle se tourne vers la procureure :

— Quelles sont vos réquisitions pour les mesures de sûreté ?

— Je demande le maintien en détention provisoire parce que sa personnalité pose question. Monsieur n’a pas de casier, mais il y a évidemment un trouble de la personnalité. Sans compter que c’est un étranger en situation irrégulière : il y a un risque de fuite.

L’avocate se borne à signaler mollement que Medhi S. a fourni une adresse chez sa compagne. Pour le reste, on imagine qu’elle s’en remet à la sagesse du tribunal. Pour la forme, celui-ci se retire délibérer, mais revient presque immédiatement annoncer que le prévenu est renvoyé à la prison de Seysses attendre l’expertise.

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Pas de problème

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Dans le box, un monsieur d’une cinquantaine d’années oscille doucement d’avant en arrière, un gentil sourire aux lèvres. Le président rappelle son état civil : « Vous avez 47 ans, vous êtes célibataire, vous n’avez pas d’enfant. Vous ne travaillez pas, vous êtes sous curatelle. Un expert a conclu à une altération du discernement. »

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Offense à la nation

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Samir M., en détention provisoire depuis un mois, est accusé d’avoir porté des coups de couteaux à Henri S., occasionnant trois jours d’incapacité totale de travail (ITT). Devant le président sceptique, le prévenu affirme que les agresseurs sont Henri S. et ses amis.

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